Cicatrisation et Télémédecine mercredi 30 aoû 2017

Le centre de cicatrisation multidisciplinaire de l’hôpital de Libourne, ouvert en novembre 2011, traite l’ensemble des troubles trophiques des membres. Les prises en charge, faisant intervenir plus de de dix spécialités médicales et para médicales au quotidien, sont faites le plus souvent en ambulatoire et nécessitent une excellente coopération entre le centre et les acteurs de proximité.

Photo : une partie des membres de la Communauté Professionnelle de Santé CPTS ALPHA. 

De Dr. à G. : Karine Pladys, Jeanine Mouche, Christine Idoux, Nathalie Delsaux, Nolwen Pelle, Laurent Boisseau, Isabelle Montoux, Philippe Estay  et Laurent Cadiou de TélésantéAquitaine

 

Cette mise en commun des informations et des compétences, qui s’est faite progressivement par des canaux informels (téléphones, envoi des courriers aux patients, mails, formations intra et extra hospitalières…), fonctionne mais est insuffisante. 

La télémédecine est l’un des moyens d’amélioration de la coordination et de la qualité du soin ambulatoire. Pour ce projet, l’initiative est venue des soignants de proximité sous l’impulsion du Dr Karine Pladys, proposant de suivre des patients du centre de cicatrisation en télé-expertise, sur des créneaux horaires et avec un matériel dédiés. L’ARS et Télésanté-Aquitaine ont soutenu le projet dès le départ.

 

Nous avons tout de suite accepté, pour 3 raisons : 

 

Un projet local efficace

De l’idée de départ aux moyens techniques à mettre en œuvre, tout a été envisagé avec une volonté de répondre concrètement aux problèmes quotidiens posés aux soignants par la médecine de cicatrisation. Ce pragmatisme guidé par la clinique a permis une mise en place en quelques mois. 

La gestion du temps

Le centre de cicatrisation reçoit 10 à 12 nouveaux patients par semaine, avec des plages dédiées aux urgences. Malgré cela, l’augmentation de l’activité (en 2016, 2500 consultations, 400 hospitalisations de jour, plus de 5000 actes) aboutit à des  délais pour un premier rendez-vous supérieurs à un mois et demi. Ce n’est pas médicalement pertinent. La télé-expertise permettra de réduire ce délai en diminuant les consultations de suivi.

Une population fragile et peu mobile

La cicatrisation concerne des patients âgés, fragiles, souvent peu mobiles, douloureux, parfois en situation palliative. Certains viennent de loin. La télé-médecine pourra éviter d’une part des déplacements systématiques, d’autre part des consultations supplémentaires pour des problèmes aigus. Le gain en termes de confort pour les patients et les soignants peut être majeur. 

En pratique

Le centre continuera de voir systématiquement les patients d’une part pour l’évaluation clinique et paraclinique initiale, d’autre part pour l’intervention de l’équipe de réadaptation fonctionnelle. Ce sont des temps majeurs de la prise en charge et une singularité de notre service, le moment où la stratégie d’ensemble est décidée. Pour le reste, les patients éligibles seront suivis en télé-expertise lors de consultations dédiées. Les médecins traitants et les infirmiers du domicile

communiqueront les renseignements cliniques, les photos, les questions au centre via la plateforme sécurisée PAACO. Le centre (un médecin et une infirmière) fera des propositions en retour et pourra envoyer des ordonnances sécurisées.

L’équipe remercie le Dr K.Pladys et les équipes qu’elle a impliquées, Mme M.Volpato (ARS) et M. J.Rodrigues (Télésanté-Aquitaine) pour ce projet concret directement utile aux patients. 

 

Dr D. BARCAT, Coordonnateur Centre de cicatrisation

 

 

Le Point de vue du Dr K. PLADYS, Médecin généraliste

 

  • Quelle est la genèse de ce projet ?

Tout est parti de la recherche d'outils numériques pour faciliter la communication inter-professionnelle autour des patients en situation complexe (maladies chroniques, perte d'autonomie, difficultés médico-sociales) dans le milieu ambulatoire. Cette coordination représente une part de plus en plus importante de notre activité de médecin généraliste et avec le vieillissement de la population et la désertification, l'impact de ces situations risque de s’accroître. Nous utilisons ces technologies dans notre quotidien. Le but était de chercher comment elles pourraient faciliter notre pratique professionnelle. Télésanté Aquitaine propose une palette de solutions, en rapport avec le programme régional de télémédecine, dont une plate-forme informatique communicante en santé correspondant à nos besoins et nos attentes. Les réseaux de soins en ont déjà l’expérience et leurs retours sont positifs.

 

  • Quelles sont les attentes des praticiens libéraux ?

A propos des nouvelles technologies, sans doute une facilitation des échanges qu'on espère plus fluides, réactifs, dans le respect des droits des patients, en toute sécurité et confidentialité, tant avec les équipes soignantes de terrain (infirmiers, pharmaciens, spécialistes, kinésithérapeutes, laboratoires...) qu'avec la structure de soins hospitalière pour aboutir à une meilleure communication ville-hôpital. Faire remonter la réalité et les problématiques du terrain est important pour le parcours de soins de nos patients. Le projet du Centre de Cicatrisation tient compte des compétences offertes par le secteur ambulatoire, apporte son expertise et délègue en confiance aux infirmiers et de façon conjointe aux médecins de ville la surveillance de l’évolution des plaies, pour le confort et au bénéfice des patients.  

 

  • Où en est-on actuellement ?

La phase pilote du projet a commencé sur la Communauté de Communes de Castillon-Pujols. Nous sommes en train de nous équiper, c'est à dire télécharger sur nos téléphones portables, tablettes et/ou ordinateurs l'application Globule. D’ailleurs, nous utilisons également cette application pour gérer les changements de posologie des AVK des patients non autonomes pour la prise de leur traitement. Cela fonctionne aussi simplement que de répondre à des SMS et nous fait tous gagner du temps ! Nous espérons du coup moins d'incidents iatrogéniques. L'équipe de Télésanté Aquitaine, que je remercie vivement, offre une aide téléphonique pour que tout se passe facilement.  Le déploiement progressif libournais de ce projet de télémédecine est un pari sur l'avenir mais je pense que les professionnels libéraux, ancrés dans la réalité de leur époque, aux côtés de leurs patients eux-mêmes aguerris à la e-santé sont prêts à relever le défi de la révolution numérique.