Les biothérapies en rhumatologie jeudi 07 déc 2017

Le début des années 2000 allait ouvrir de nouveaux espoirs en matière de traitement des maladies articulaires inflammatoires chroniques.

Avant cette période, les patients affectés de polyarthrite rhumatoïde (PR), de rhumatisme psoriasique (RPs) ou de spondylarthrite ankylosante (SPA) voyaient rapidement leur avenir compromis du fait d’importantes déformations articulaires ou rachidiennes.

Les traitements dits ‘anciens’ ne pouvaient pas stopper l’apparition des dégâts occasionnés par ces maladies. La finalité de tels processus inflammatoires au cours de la PR est la destruction totale et définitive des articulations. Le RPs évoluant sur le même mode, psoriasis en prime ! La SPA, elle, amène à l’ankylose par soudure de la colonne vertébrale, ainsi qu’un blocage de la cage thoracique provoquant une perte du soufflet ventilatoire.

Les anti-inflammatoires, la cortisone et les traitements de fond n’avaient d’autre fonctions que de retarder cette évolution parfois catastrophique pour certains patients. Et n’oublions pas les formes pédiatriques puisque ces maladies peuvent affecter les enfants parfois très jeunes. A l’adolescence, il n’était pas rare de les voir porteurs de prothèses aux hanches, ou aux genoux.

Lorsque la recherche et l’industrie pharmaceutique s’intéressèrent aux mécanismes de l’inflammation et à l’immunopathogénie nous avons noté un bouleversement dans la prise en charge de ces maladies destructrices.

 

Enfin, des traitements efficaces venaient d’être mis sur le marché !

La recherche coûtant excessivement cher, le prix de ces biomédicaments dépassaient tout entendement ! Si un traitement associant des corticoïdes et du méthotrexate pouvait coûter quelques 15 à 20 euros par mois, l’utilisation du Rémicade° ou de l’Enbrel°, les premiers anti-TNF commercialisés, allaient faire plonger le déficit de la caisse de Sécurité Sociale vers des fonds abyssaux ! Le coût mensuel atteignant environ 1000 euros / mois.

Certes, le prix à payer était énorme, mais à côté de ça, les patients voyaient (et voient toujours) leur capital articulaire préservé. En balance, les malades, pour la plupart d’entre eux, retrouvaient une qualité de vie tout à fait correcte leur permettant de poursuivre ou de reprendre leur activité professionnelle. Moins d’arrêts de travail, de consommations de soins, de journées d’hospitalisations ou de mises en invalidités allaient finalement compenser (partiellement) les remboursements de ces biomédicaments.

Aussi, au début des années 2000, le service de rhumatologie commença-t-il à traiter tous les patients nécessitant une biothérapie. 

Suite aux anti-TNF, furent mis sur le marché d’autres biomédicaments bloquant ces cascades inflammatoires délétères.

Cependant, tout n’est pas aussi rose ! De nombreux patients finissent par échapper à ces thérapeutiques. Soit qu’ils développent des allergies contre-indiquant définitivement la poursuite du traitement, soit qu’ils fabriquent des anticorps contre ces produits les rendant totalement inefficaces !

Au cours de leur prise en charge, les patients, du fait des phénomènes sus-cités, se verront contraints à passer d’une biothérapie vers une autre.

A ce jour, peu de risques liés à leur utilisation sont observés. Mais il n’en demeure pas moins que notre vigilance est toujours de mise en matière de phénomènes allergiques ou de processus infectieux. Même si ces biothérapies ne sont pas, selon de très nombreux registres internationaux, pourvoyeuses d’affections cancéreuses, nous appliquons systématiquement les principes de précaution qui suivent des règles parfaitement établies.

Centre de compétence pour les maladies systémiques rares et auto-immunes depuis 2008, le service de rhumatologie est donc grandement habilité à utiliser ces diverses molécules coûteuses. 

Ces maladies n’étant pas en voie de disparition, la rhumatologie inflammatoire n’est pas prête à rendre son tablier ! 

 

Dr P. Vernhes, Chef du service de Rhumatologie