L'endoprothése aortique par voie percutanée mardi 20 sep 2016

Si dans le cadre du virage ambulatoire amorcé par les activités de chirurgie elles sont incontournables, les techniques mini-invasives offrent également de nombreux avantages pour le patient.

Les techniques mini-invasives deviennent en effet prépondérantes dans le cadre du développement de l’ambulatoire et elles ont tendance à se substituer aux chirurgies lourdes, au bénéfice du patient. C’est dans cette optique que le service de Chirurgie Vasculaire a développé une technique de pose d’endoprothése aortique par voie percutanée.

L’anévrisme aortique est une maladie artérielle évolutive : avec le temps, la paroi de l’artére continue de se dilater, menaçant de se rompre. La pose d’une endoprothése à l’intérieur du vaisseau permet de freiner cette évolution et de prévenir sa rupture. En combinant plusieurs éléments, ces endoprothéses peuvent être adaptées aux spécificités de l’aorte du patient. 

Le concept novateur, développé il y a plusieurs années dans de grands centres de référence, est de réaliser cette intervention par voie percutanée, c’est à dire sans ouverture large, à l’aide d’un ancillaire et d’appareillages spécifiques; l’opérateur étant guidé dans ses gestes par l’imagerie réalisée en direct, grâce à l’ampli de brillance. Avec cette instrumentation spécifique, tout est prévu, y compris la ligature des ouvertures faites dans l’artére, une fois l’endoprothèse placée. 

La limitation du caractére invasif offre de nombreux avantages. Au premier rang de ceux-ci, il faut retenir que la mortalité post-opératoire de ce type d’intervention est nulle. En effet, son caractère faiblement traumatisant réduit significativement le risque d’accident cardiaque. le patient ne ressent que peu ou pas de douleur au réveil, ce qui facilite notamment sa prise en charge par l’équipe d’anesthésie. 

La pose d’une endoprothése peut ainsi être proposée à des personnes fatiguées ou cardiaques ; chez certains sujets âgés, elle est d’ailleurs possible sous anesthésie locale, au prix d’une sensation de gêne pour le patient mais pas de douleurs. Chez les sujets plus jeunes, la chirurgie mini-invasive rend possible la reprise rapide d’une activité professionnelle. Elle permet entre autre d’éviter des troubles érectiles, la chirurgie classique entrainant parfois des dégâts sur les nerfs situés à proximité de l’aorte. Il n’y a pas non plus d’éventration ou défaut de cicatrisation puisque pas d’ouverture pariétale délabrante.

Cette technique reste toutefois exigeante et nécessite une bonne préparation et  l’implication de tous les acteurs. La motivation et la compétence de l’équipe paramédicale du Service libournais se sont avérées des facteurs décisifs dans son développement au CHL. Leur dynamisme a notamment été salué lors du congrès des IDE de Chirurgie Vasculaire française. Il faut également saluer l’investissement des autres professionnels de l’établissement qui rendent possible le développement d’une nouvelle technique chirurgicale : l’équipe d’anesthésie et les pharmaciens, sans qui rien ne serait possible.

Un risque doit toutefois être signalé, celui de la banalisation de l’intervention par le patient, qui pourrait ne pas prendre au sérieux les consignes et la surveillance préconisées par l’opérateur, tant sa récupération est rapide. Gageons que c’est un risque agréable à prendre !

Dr B. Gheysens, Chef du Service de Chirurgie Vasculaire