Eventration de la paroi abdominale (ou hernie incisionnelle)

Il s’agit une tuméfaction de la paroi abdominale acquise dans les suites d’une ouverture de la paroi abdominale volontaire (intervention chirurgicale) ou involontaire (plaie arme blanche…).

Définition

Il s’agit une tuméfaction de la paroi abdominale acquise dans les suites d’une ouverture de la paroi abdominale volontaire (intervention chirurgicale) ou involontaire (plaie arme blanche…). Une éventration a pour cause une mauvaise cicatrisation des aponévroses musculaires (gaine entourant les fibres musculaires).  Elles peuvent être localisées sur l’ensemble de la paroi abdominale et sont localisées le plus souvent au niveau de la ligne blanche (ou médiane).

Cette grosseur est souvent visible, non douloureuse, impulsive à la toux et réductible. Cette éventration  est formée d’un sac de péritoine et peut contenir des viscères. Ce sac de péritoine passe à travers un collet et la complication redoutée est l’étranglement. 

L’étranglement est une complication grave. Il s’agit d’une éventration qui n’est plus réductible, très douloureuse car des viscères ou du gras de l’abdomen restent coincés dans l’éventration. C’est une urgence chirurgicale car la vitalité des viscères  est en jeu avec un risque de nécrose intestinale obligeant la résection d’une partie de l’intestin.

L’évolution naturelle tend vers l’aggravation avec une augmentation de la taille de l’éventration. Le risque d’étranglement est plus fréquent lorsque le collet d’éventration est de petite taille.

A voir - Eventration de la paroi abdominale antérieure contenant de l’intestin grêle

Il ne faut pas confondre une éventration avec un diastasis des muscles droits de l’abdomen qui correspond à l’écartement de la ligne blanche sans orifice au niveau de l’aponévrose (gaine des muscles) et donc sans risque d’incarcération de viscères. Ce diastasis apparait chez les hommes après une prise de poids lente et en particulier d’augmentation de la graisse intraabdominale et chez la femme après une grossesse. Il n’y a pas de prise en charge chirurgicale sauf pour une prise en charge à visée esthétique.

A voir - Diastasis des muscles droits de l’abdomen (Photo 1 : au repos ; Photo 2 : en contraction)

Prise en charge des éventrations

Toute éventration doit être opérée car il existe un risque d’aggravation et surtout un risque d’étranglement. Ce principe est à relativiser chez les patients à risques (problèmes de santé, âge) et en fonction de la taille du collet. Il existe des éventrations volumineuses avec de très large collet (éventrations irréductibles ayant perdu droit de cité) rendant l’intervention chirurgicale à très haut risque et  pouvant contre indiquer le geste. Il est donc nécessaire de consulter un chirurgien pour qu’il donne sa conduite à tenir.

Dans la plupart des cas la prise en charge repose sur une intervention chirurgicale.

 

Comment se déroule l’intervention ?

Plusieurs techniques sont à notre disposition pour réparer la paroi de l’abdomen :

  • Par abord direct en faisant une ouverture au niveau de l’éventration.
  • Par voie coelioscopique, c’est-à-dire en utilisant de petites incisions et une caméra à distance de l’éventration.

La réparation consiste à réduire le sac de péritoine, rapprocher les aponévroses musculaires  et de renforcer la paroi avec la mise en place d’une prothèse (plaque ou filet) non résorbable.

A voir - Prothèse utilisée pour renforcer la paroi abdominale

Chaque voie d’abord a ses avantages et inconvénients. Dans le service nous privilégions la voie coelioscopique qui permet une réparation  avec des suites moins douloureuses et une reprise des activités plus rapides. L’avantage également de la voie coelioscopique est la possibilité par les mêmes petites ouvertures de traiter d’autres orifices d’éventration non repérés en préopératoire à l’examen clinique. Il faut savoir également que la voie coelioscopique est une technique chirurgicale plus couteuse que la voie d’abord direct.

 

Combien de temps doit-on rester à l’hôpital ?

Lorsque qu’il s’agit de petite éventration le traitement chirurgical se fait au cours d’une hospitalisation en ambulatoire. C’est-à-dire sans besoin de dormir à l’hôpital. La prise en charge en ambulatoire est décidée par le chirurgien en accord avec l’anesthésiste. 

Elle est contre indiquée :

  • si le patient n’a pas d’accompagnant au domicile la première nuit de l’opération 
  • si le patient présente des comorbidités (traitement anticoagulant, apnée du sommeil …)

L’âge et la distance du domicile à l’hôpital n’est plus une contre-indication à la prise en charge en ambulatoire.

Pour des éventrations dont la taille est plus importante il est nécessaire de prévoir une hospitalisation de moins d’une semaine.

 

Comment se déroulent les suites de l’opération ? Quelles sont les complications ?

Les suites opératoires sont très souvent simples mais comme toutes interventions chirurgicales, il existe un risque de complications. Les complications décrites sont celles de toutes interventions de chirurgie abdominale, celles de la voie d’abord coelioscopique et de la procédure d’anesthésie (anesthésie générale).

Concernant les volumineuses éventrations et en particulier si réalisation d’un abord direct les suites peuvent être marquées par des douleurs nécessitant des antalgiques par perfusion. Ces douleurs vont progressivement diminuer.

Les complications spécifiques de la prise en charge des éventrations sont :

  • changement voie d’abord (conversion) de la voie coelioscopique à l’abord direct en cas de difficultés ou de complications
  • l’apparition d’un sérome (collection de liquide) ou d’un hématome à la place de l’ancienne éventration : fréquent (surtout pour les volumineuses éventrations) et se résorbant seul
  • l’infection en particulier de la prothèse qui est une complication rare mais grave (« rejets ») avec le risque de la nécessité d’une nouvelle intervention chirurgicale pour retirer la prothèse.
  • la présence de douleur au zone de fixation de la prothèse qui dans de rare cas peut se prolonger et devenir une douleur chronique.
  • la récidive de l’éventration plus fréquente si il n’y a pas de pose de prothèse 

 

Au cours de la consultation avec le chirurgien les différents éléments de la prise en charge et en particulier l’intervention chirurgicale seront abordés avec le patient. Les bénéfices et les risques de l’intervention seront discutés et évalués.

Après l’intervention l’arrêt de travail dépend de la tolérance de l’intervention et du métier : il est en moyenne de 15 jours. Il est important d’éviter les efforts les premiers jours en particulier le port de charges lourdes. La reprise des activités se fait de façon progressive en fonction des différentes consignes données à la sortie d’hospitalisation.

Un rendez-vous avec le chirurgien est prévu environ 1 mois après l’intervention afin de vérifier la bonne cicatrisation et  l’absence de récidive précoce

A voir - Traitement d’une éventration de la paroi abdominale antérieure par voie coelioscopique avec pose de prothèse non résorbable